Mirissa
Environ 5-6h de bus depuis Ella. La route longe le parc ornithologique de Wirawila wewa puis la côte sud. Je fais la connaissance d’un professeur d’anglais dans le bus, passionné et profond bouddhiste. Il donne des cours supplémentaires le week-end aux élèves en difficulté. Il raconte l’histoire de sa famille, son grand père était anglais…
Mirissa serait l’endroit le moins développé de la côte sud, avec une plage idyllique bordée de cocotiers aux eaux limpides. En réalité, pas aussi déserte que je l’imaginais. Beaucoup de français. Je sympathise avec Samuel, tourdumondiste qui voyage pour 3 ans.
De Mirissa, on peut partir en mer observer dauphins et baleines bleues. Je m’offre ce petit extra. Je pars avec trois australiennes surexcitées. Sans mentir, j’ai vu des dauphins par centaines! Ils nageaient, à vive allure et sautaient tout autour du bateau.
J’ai vu une dizaine de baleines, même si on ne les a pas approchées d’assez près. Elles restent seulement quelques minutes à la surface avant de replonger en profondeur. Je les avais mieux vues en Corse, mais ça reste toujours impressionnant de voir ce géant se mouvoir, lentement, souffler l’eau, plonger la nageoire en éventail. Je ne suis pas sensible mais après presque 6h de bateau, à tanguer, il était quand même temps de rentrer à quai.
Hikkaduwa
C’est une autre station balnéaire réputée, à environ 1h de bus depuis Mirissa. Le tourisme y est beaucoup plus développé : farniente, surf. Restaurants et bars à cocktails se font concurrence à même la plage. Les transats sont alignés. Les vendeurs ambulants réveillent les dormeurs…
Je me balade quelques heures à Galle (30mn en bus), ville fortifiée par l’ancienne colonie hollandaise.
Negombo
Je prends le premier train du matin depuis Hikkaduwa (2h), en 3ème classe, jusqu’à Colombo. Puis je prends un autre train pour Negombo (1h30).
Dans le train, je fais une rencontre, qui m’a beaucoup ému : Virgini, 29 ans, tamoul. Elle parle tamoul et anglais. On parle d’abord de banalités, de sa fille de 3 ans qui va à l’école depuis 2 mois... Puis elle me confie son histoire. Elle a besoin de parler, dit-elle. Son père est décidé quand elle était toute petite. Sa mère l’a alors envoyé dans une école religieuse pendant dix ans. Elle a grandit à Kilinochchi et a toujours connu la guerre…
Les tigres de libération LTTE l’ont enlevé pour l’engrener de force à la guerre. Elle s’est enfuit et cachée, sans manger ni boire pendant plusieurs jours, laissant toute sa famille derrière elle. Aujourd’hui encore, elle ne sait pas comment elle a survécu. Je la fais répéter, j’ai peut-être mal entendu ? Je comprends qu’elle me confie quelque chose de grave. Elle a les larmes aux yeux, je retiens les miennes.
Sa seule issue pour échapper aux tigres du LTTE est de se marier. Elle envoie une lettre à Salomon, avec qui elle travaillait, et lui demande de l’épouser. Lui, vient de divorcer d’un premier mariage, dont il était insatisfait.
Salomon a passé dix ans en Inde, à étudier la théologie puis est allé enseigner en Amérique du Sud. Il est revenu au Sri Lanka, s’est marié et a divorcé au bout de 5 années. Une décision en totale désaccord avec ses convictions religieuses dont il a beaucoup culpabilisé. Profondément croyant, il accepte la proposition de Virgini. Il y voit la femme que Dieu lui envoie pour « se laver » de ses péchés.
Les tigres du LTTE épargnent les femmes enceintes. Virgini tombe enceinte rapidement. Beaucoup de femmes se font avorter lorsqu’elles portent une fille. Elle, elle la garde. C’est un cadeau de Dieu, dit-elle. Sa fille lui a sauvé la vie.
En partant, elle me prend dans ses bras et me remercie de l’avoir écouté, parce qu’elle n’a pas d’amies à Vavunyia, où elle vit actuellement. Je suis profondément touchée par son témoignage. J’admire sa force de résilience, sa combativité. On a quasiment le même âge et elle a surmonté déjà tellement de souffrances… Je me sens comme privilégiée. Les petits traquas d’un quotidien en France me paraissent si futiles à côté...
Je veux prendre le bus mais Salomon tient à me négocier le rickshaw pour que je puisse profiter du tarif local. Il le paie en cachette. Un petit geste mais qui veut dire beaucoup !
Voilà pourquoi j’aime tant le voyage…
J’ai trouvé peu d'intérêt à Negombo, si ce n’est sa proximité de l’aéroport. La plage n’est pas extra-ordinaire. C’est le coin des pêcheurs. J’ai du utiliser ma technique du mari policier plusieurs fois dans l’après midi, mais ça ne marche pas avec les chiens errants, qui forcément sont attirés par ma serviette !
Je me suis trouvé une chambre very cheap. J’ai négocié un rickshaw, qui vient me chercher à ma porte, pour m’emmener à 5H du matin à l’aéroport.
Mon avion décolle à 8H15 pour Kuala Lampur, une escale stratégique financièrement avec la compagnie low cost Air Asia, pour ensuite me rendre à Bali…