De retour à Mandalay, je passe ma dernière après-midi au pont U-bein à Amarapura (à 45mn de pick-up).

Il s'agit de la plus longue passerelle en teck du monde (1,2km) au dessus du lac Taungthama. C'est l'image du catalogue de voyage!

En fin d'après-midi, les moines vont s'y promener après leur temps de méditation. Je fais la connaissance de Uott Ta Ma, qui vit au monastère tout proche.

Il me raconte son histoire, comment il est devenu moine, son quotidien au monastère... Il me parle de ses conditions de vie sous le régime militaire, comme s'il voulait que l'on sache hors des frontières. Il a été emprisonné 5 ans pour avoir écrit un article déplaisant (2000-2005). Aujourd'hui, il a trouvé la sérénité grâce au bouddhisme.

Un témoignage qui m'émeut et me rappelle la chance de grandir dans un état de droit.

Une rencontre qui conclura ce voyage en beauté! Je quitte ce pays la tête remplie de bons souvenirs, plus touchée par ce peuple birman,  que je n'ai été impressionnée par la beauté des paysages ou des pagodes. Aussi j'oublirai rapidement leurs saveurs culinaires!

Finalement un nombre réduit de régions est réellement accessible et il est difficile de sortir des sentiers battus.

A postériori, je suis contente d'être passée par la frontière de Myawaddy, ça m'a permis d'imaginer ce qu'ont pu ressentir les premiers visiteurs, ce qu'était la Birmanie il y a quelques années.

Le pays s'est déjà bien adapté au tourisme dans ces régions (notamment Bagan et le lac Inlé). On trouve aujurd'hui des distributeurs automtiques dans toutes les villes, les bureaux de change acceptent désormais les euros. Les connexions internet sont disponibles partout (avec un débit ultra-lent).

Beaucoup de zones restent encore fermées aux touristes, qu'il sera intéressant de découvrir dès que celles-ci seront ouvertes d'ici quelques mois, quelques années? Des élections ont lieu en 2015...

Je m'envole pour Bangkok puis je me reposerai quelques jours à Koh Tao, une île de la côte est, réputée pour ses fonds sous-marins, avant de rentrer en France.

Mandalay (env 1 million d'hab) est la capitale culturelle du pays. Je m'y rends dans un but précis: la fête des lumières, le Thidingyut Festival, qui a lieu au moment de la pleine lune d'octobre. Il marque la fin de 3 mois de carême bouddhique et célèbre le retour de Bouddha sur terre.

C'est un moment fort pour les bouddhistes. Les familles vont, en nombre, se recueillir à la pagode en haut de la colline de Mandalay (qui me rappelle un peu l'Alhambra).

Le soir, les pagodes sont illuminées de bougies disposées sur le sol.

Je me rends aussi à Kyaukse, à 1h30 de Mandalay en pick-up, uniquement pour assister au festival de la danse de l'éléphant.

Quand j'arrive au village, on m'apprend que le festival a eu lieu la veille... Je décide quand même de faire un tour dans le village, me disant qu'il y a toujours une bonne surprise derrière une déception...

Les habitants montent tous vers la colline, je vais voir ce qui s'y passe. Je tombe sur une sorte de fête forraine. Au sommet les familles déposent des offrandes, un éléphant en peluche, au pied du Bouddha de la pagode.

Je suis énormément sollicitée pour être prise en photo. Je me prête au jeu, ça a l'air de leur faire plaisir! une expérience "vis ma vie" de star.

Pour l'anecdote, un soir je me retrouve à l'autre bout de Mandalay de nuit, je ne trouve pas de pick-up pour rentrer à mon hôtel. Depuis le début du voyage, j'évite soigneusement d'utiliser les moto-taxis. Je suis en difficulté. Un birman me propose de me ramener en voiture, je crois que c'est un taxi, et lui demande combien est la course? Il ne répond pas. Je monte avec lui, il roule anormalement doucement (pour le pays). Il a l'air perdu, il demande sa route à plusieurs reprises. Je me pose quelques questions sur ses intentions... On arrive à destination. Je lui tend un billet. Il le refuse, répondant qu'il voulait juste aider...  un petit geste qui touche beaucoup!

Bagan est un ensemble de 2000 pagodes et de stupas dantant du XIIème siècle, c'est un incontournable du pays! Les pagodes sont reproduites à perte de vue, c'est ce qui fait la particularité et la magie du site.

J'arpente les petits chemins de terre à vélo. Etonnée et emballée, je m'arrête d'abord tous les 100m, pour visiter chaque temple. Le site est agréable, en dépit de la chaleur écrasante, au moins 40°...

Le site est incontestablement magnifique dès que l'on prend de la hauteur, en grimpant au sommet d'une stupa, d'autant plus encore à la lumière du lever ou du coucher du soleil (si l'on fait abstraction de l'armada de chinois aux télé-objectifs).

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Je sais que Bagan a une valeur inestimable sur le plan historique, mais les visites me semblent rapidement répétitives. Je me lasse d'ôter mes chausures pour entrer dans chaque pagode, de me brûler les pieds au sol, de subir le racollage des vendeurs de souvenirs et des enfants, pour visiter des stupas reproduites à l'identique.

Peut-être aurait-il mieux valu prendre un guide qui aurait pu me faire découvrir l'histoire du site et susciter tout son intérêt?

Je fais la connaissance de Laurent, un français, qui vit en Australie. On partage ensemble un buffet birman: beaucoup de plats sur la table, qui présentent bien, mais franchement pas un régal! Alors que l'on mange si bien chez leurs voisins indiens ou thaïlandais...

On décide d'aller se rafraîchir à la piscine d'un hôtel de luxe. On se retrouve à barboter avec un autre type de voyageurs que ceux que l'on a l'habitude de cotoyer. Complices, on se fait passer pour des clients de l'hôtel auprès d'eux. On échange sur le voyage. L'un d'eux est surpris que l'on voyage en bus de nuit: "mais c'est long! c'est inconfortable! c'est dangereux..." alors que lui enchaîne les vols intérieurs.

Le 3ème jour, je fais l'ascension du Mont Popa, à une cinquantaine de kilomètres de Bagan, avec un groupe d'étudiants de Singapour. C'est un lieu mythique pour les birmans, un lieu de vénération des esprits "nat".

Le site est peuplé de singes chapardeurs. Lieu sacré oblige, l'ascension se fait pieds nus jusqu'au sommet (au travers des déjections des primates). 

Un groupe de femmes me prend en photo, je leur demande si je peux à mon tour les photographier.

Après Moulmein, je me rends à Hpa-an, un peu plus au nord du pays. J'ai deux possibilités pour m'y rendre: 2h de bus ou 6h de bateau.

Je choisis le bateau affrété par la Breeze guest house. Je fais alors la connaissance d'Hélène et Steven: deux anglais et de Julie et Laurent: un couple de belges.

Le trajet vaut le détour, on longe des villages sur pilotis, avec en toile de fond des monts karstiques (qui ne sont pas sans me rappeler la région de Yuangshuo en Chine).

Le lendemain, on loue un thoun bein à 5 pour la journée pour explorer les environs: grottes bouddhiques sacrées (datant du VIIème siècle), monastère isolé, lac, cascade...

Le surlendemain, on part faire l'ascension du Mont Zwegabin: environ 2h30 de marches en plein soleil (sous 35° à 40°). On a tous jamais autant transpiré de notre vie. La vue au sommet nous récompensera!

Hpa-an était une étape sur ma route depuis la frontière thaï. Je n'y serais peut-être pas passé autrement... Ce fut une bonne découverte. La campagne alentour est superbe et la région est encore peu touristique. J'y ai passé de très moments, notamment grâce au groupe que l'on a formé. Un estonien, qui nous a rejoind pour une journée, a cru que l'on se connaissait de longue date, tellement il sentait une cohésion!

La frontière terrestre de Mae Sot en Thailande est ouverte depuis à peine un an, depuis la fin du conflit entre l'armée birmane et un groupe indépendantiste karen; Je décide de tester cette voie pour entrer au Myanmar, munie de mon visa (obtenu à Bangkok). 

Pleine de motivation, je me lève à 6h!

Première étape: trouver un pick-up pour la frontière côté Mae Sot, pas si simple quand on ne veut pas utiliser la moto taxi, mais je finis par voyager en fourgonette locale qui me dépose au fameux pont de l'amitié entre les deux pays.

Après avoir reçu mon tampon de sortie, je franchis ce pont à pieds. J'arrive au poste de frontière côté birman. Les formalités se font sans diffcultés.

Puis j'apprends que la route qui désert les villes environnantes est fermée, elle est ouverte à sens unique un jour sur deux, en l'occurence de mon sens les jours impairs. Je dois passer une journée à Myawaddy, ville particulièrement peu engageante... 

Coup dur pour le premier jour! Je décide de me prendre une chambre confortable au River View Inn, pour me reposer et penser mon itinéraire.

Je vais me balader en ville. Je me fais alors constamment dévisager sur mon chemin, des regards plutôt bienveillants. J'attire visiblement la curiosité! Je reçois quelques sourires timides.

Je suis sollicité par quelques mendiants aux moyons décharnés (cicatrice du conflit armé Karen?), des enfants des rues... Je ne m'étais pas préparée à ça...

Beaucoup de souvenirs d'Inde remontent avec la chaleur, la poussière, le bruit, les odeurs, les regards...

Je me rend compte que très peu de gens parlent anglais et avec une prononciation vraiment difficile à comprendre. Je ne croise aucun autre étranger. Je réalise que le voyage ne sera pas simple, mais c'est aussi ce que m'attirait vers ce pays, avoir la chance de le visiter avant son développement touristique...

Je dois changer un peu d'argent. J'arrive à la banque à l'heure de la fermeture, et je tombe sur un birman bien aimable, qui accepte de faire quelques minutes supplémentaires pour moi. On discute un peu, il se propose de m'aider. Il m'offre une casquette à l'éffigie de la banque dans la quelle il travaille, en me souhaitant "Welcome to Myanmar!". Un geste tout bête, qui illuminera cette journée! Il suffit de peu en voyage!